Vendredi soir, je marche dans les rues. Les lumières de la ville en halo diffus me glacent. Je suis en mode mélancolie. Tout me semble fade et froid. Je me demande ce que je fais là. Par hasard je récupère Aurore, la copine que je suis partie rejoindre, dans la rue, un brin émechée : elle me dit qu'elle vient de fêter son nouveau job avec trois cocktails. Je souris et la prends par le bras. On se dépèche car on a rendez vous avec notre amie Lucie qui déménage définitivement pour Paris le lendemain. Je l'envie.
Arrivée dans le bar. Petite discussion de retrouvailles. Et toi, comment tu vas ? Petit à petit, je me sens mieux, la chaleur m'envahit. Lucie me questionne sur mon DEA, sur mon travail... Puis sur ma soutenance. Et tes parents, ils sont venus te voir ? Mon coeur se serre. Non ils ne sont pas venus. Mais comment t'expliquer Lucie, comment t'expliquer ? L'espace d'un instant, ma vue se trouble et je me ressaisie très vite. Et je parle. Je déballe mon sac une fois encore. Je raconte ma relation avec ma famille, mon père, ma mère, mon frère, mon enfance. Je suis incapable de décrire mon état, quelque part entre le soulagement de dire toutes ces choses que je n'ai jamais dit et le malaise. Lucie me regarde avec des yeux ronds, cherche à comprendre, me pose des questions. Aurore, tu savais tout ça ? Non Aurore ne savait pas. Je ne l'avais jamais dit. Je voulais qu'on me prenne pour moi et pas pour mon histoire. C'était un tort, surement.
Et je dis même des choses que je n'ai jamais écrit ici, que très peu de personnes savent...
Puis des paroles réconfortantes qui me touchent.
Vers trois heures, je rentre seule à pied chez moi. L'air de la nuit caresse mon visage. L'odeur des feuilles mortes mouillées m'enivre. Je marche en mode automatique. Mon esprit est ailleurs. Je doute de cette démarche que je n'ai pas préméditée mais plus rien ne me retient. Je sais que quelquechose a changé dans leurs regards. Elles avaient cru à mon personnage d'avant, ma carapace pour cacher les ténèbres. Je ne serais surement plus perçue de la même manière. Mais je ne veux plus jouer à la fille lisse sans problème. Mon passé fait partie de moi et maintenant je vais l'assumer. Je veux qu'on m'aime pour mes failles et ma fragilité aussi. Je ne me cacherai plus derrière des beaux discours.
Le lendemain, le réveil sonne à six heures. Enfarinée, je me lève et file dans la salle de bain. Dans ma tête une chanson en boucle.
J'ai deux amours
Mon pays et Paris
Par eux toujours
Mon coeur est ravi
Ma savane est belle,
Mais à quoi bon le nier
Ce qui m'ensorcelle
C'est Paris tout entier
Le voir un jour
C'est mon rêve joli
J'ai deux amours
Mon pays et Paris
Samedi, 8 heures, je suis dans le train qui file vers Paris. Je me laisse berçer par le paysage et je m'endors. Et mon coeur bat plus vite. La sensation de rentrer chez moi m'envahit. J'ai confiance. Un rayon de soleil éblouissant me sort de mes rêveries. La région parisienne défile sous mes yeux. Je suis arrivée. Je descend du train et je souris. Je rejoins Séverine qui m'attends en haut du quai. Ce quai mille fois parcouru...
Dans le métro, je cours presque sans m'en rendre compte. Sans réfléchir, mon corps connait par coeur le chemin au travers des couloirs. Des dizaines et des dizaines de fois, je les ai arpentés l'année dernière. Je me laisse envahir par les souvenirs. Je n'ai plus aucun doute. Je suis bien ici. Dans la rame, on papote et on rigole comme deux adolescentes qui ne se sont pas vues depuis des mois. Les stations défilent. Tout me revient en mémoire. Je ne cesse de hurler, de pleurer, d'implorer sur toutes les tonalités je veux revenir et Séverine qui me répond mais reviens, je t'attends moi !!!
Restaurant. Shopping. Promenade. L'après midi, on s'allonge dans le parc André Citroen pour souffler. Je regarde les nuages défiler derrière le reflet de la Tour Eiffel sur les immeubles de verre. Je veux revenir, je veux revenir, je veux revenir... Je vais revenir. Et je ne sais même plus si ce sont des gouttes de pluie ou des larmes sur ma joue. Je respire un grand coup. Il est déjà 18 heures et je dois à nouveau filer dans le métro pour rentrer.
Cette semaine, c'est décidé, je vais mettre les bouchées triples pour trouver du travail et repartir définitivement là où j'ai laissé mon coeur...
J'ai deux amours... Paris et Paris :-)
Commentaires :
Re:
Salut parasitemort !!!
C'est une idée que j'ai depuis très très longtemps et à vrai dire, depuis la première fois que j'ai eu l'a chance de me rendre à Paris. Ca ne s'explique pas :-) Et je suis heureuse de voir que tu penses comme moi parce que j'ai assez souvent des réactions négatives !
Je me livre complètement ces jours-ci mais c'est plus un besoin qu'une réelle volonté ou une préméditation. Je me laisse aller à me donner telle que je suis entièrement. Si ça casse tans pis mais j'espère surtout que ça passera.
Je te fais des gros bisous :-*
Amethyst
Enfin je te comprend bien car ça fait tout uste un mois que je suis partie, et tout ça me manque déjà un peu...
C'est bien que tu ais pu parler avec tes amis, vider ton sac. Même si tu avais commencé à le faire un peu ici, c'est différent...
Re:
Salut Ambre !
En fait, je ne peux pas vraiment dire que j'ai quitté Paris : j'y ai vécu quelques mois l'année dernière puis j'ai dû repartir pour finir mes études ailleurs. J'aime bien la province mais il manque quelquechose, une magie, une frénésie que je n'ai trouvé qu'en région parisienne et j'ai l'impression qu'il n'y a que là-bas que je pourrais être vraiment heureuse. C'est comme un appel :-)
Oui c'est très différent, déroutant même ! En rentrant chez moi, je me demandais si j'avais bien fait parce que je ne veux pas être jugée ou jaugée par rapport à ça. Avant je savais que j'étais aimée ou détestée pour moi sans que ce passé n'entre en compte que ce soit par la peur, le rejet, la pitié ou la compassion. Mais c'était mentir aussi puisque ça fait tellement partie de moi. J'en avais déjà parlé à des amis vraiment très proches mais leurs réactions très hérérogènes m'avaient un peu freinée (certains comprenaient pour avoir vécu des choses proches, d'autres niaient totalement en m'expliquant que ce n'était pas possible, que je devais me tromper).
Maintenant, je fais le choix d'assumer même si ça fera peut être un peu de vide autour de moi. J'ai trop besoin que ça sorte et que les gens puissent comprendre mes réactions parfois comme par exemple quand je me ferme, quand je me sens triste. etc.
J'espère que tout se passe bien pour toi. Gros bisous !!!!
Amethyst
Ahhh ma chère Amethyst..... ton article a fait vibrer mon coeur ^-^
Pour tes amies, si elles le sont vraiment elles ne te laisseront pas tomber, elles te verront différemment et tu les redécouvriras dans les moments où tu sombreras et que tu auras besoin d'un appui...
Pour Paris.... ah Paris.... ^-^ j'crois que ça se passe de mots ma belle!! ..... 2 ans que j'y ai pas mis les pieds... c'est trop, beaucoup trop!!!!
Enormes bizouxxxx ^-^
Re:
Salut Eurydice !!!
Je crois qu'elles s'attendaient à tout sauf à ce que je leur ai raconté Vendredi (je cace bien mon jeu, quand je le veux) : je ne pense pas qu'elles me laisseront tomber, peut être qu'elles me comprendront mieux dans mes réactions tantôt en haut et tantôt en bas... Pour ma part, j'ai décidé de ne plus me cacher. Je suis comme je suis ;-)
Oh oui, ça se passe de mots :-)) Je veux déjà y retourner !!! Je suis en recherche active d'emploi depuis hier et j'y crois. C'est ce qui me fait tenir !!!
J'espère que tout roule pour toi. Désolée de ne pas avoir répondu avant mais j'ai eu une flemme terrible ces derniers jours... Gros bisous !
Amethyst
juste parce que c'est la demoiselle qui sourit aux anges qui m'a montré le chemin pour commencer à aimer la ville brumeuse ...
jump your life !
Re:
Oh oui, il faut que tu en profites. Je reste persuadée que quand on a gouté à Paris et qu'on l'a aimé, on peut difficilement s'en passer ;-)
Bisous toi :-*
parasitemort
Je comprend tes deux amours... Paris. Moi aussi j'ai une véritable envie de vivre là bas. Je trouve ça bien que tu aies parlé à tes deux amies. Les murs c'est bien, mais des fois, il faut les abattre. Bonne soirée. :-)