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Lui

Lui... Mon père. Et cette saveur dégueulasse dans la bouche de devoir écrire cela. Mon père. Alors que je ne me reconnais pas du tout en lui, alors que je le laisse totalement indifférent dans mes bonheurs et dans mes souffrances aussi depuis toujours, alors que cela fait des années que l'on s'ignore, qu'il fait tout pout me rendre la vie impossible. J'ai encore du mal à en parler. Parce que je ne sais pas par où commencer... Du début ? De maintenant ? Je ne sais pas... Je ne sais vraiment pas...

Je n'ai raconté mon histoire qu'à une personne. Et il m'a fallu des années. De longues années pendant lesquelles j'ai tour à tour nié, pleuré, parlé, puis finalement vomi mon passé. Cette personne est une de celles qui comptent le plus pour moi et qui ne quittera jamais mon coeur. Le seul à qui j'ai eu la force de tout dire est . Et c'est lui qui m'a aidé à comprendre que ce que j'ai vécu n'est pas normal. Mais il a fallu du temps, beaucoup de temps pour que je comprenne, pour que j'assimile, pour que j'ose enfin sortir la honte et le dégoût que me procure mon père.

Oh, mes blesssures ne se voient pas et je n'ai pas l'intention de me positionner en victime, ce n'est pas du tout mon but. Je n'ai pas été battue physiquement ni violée ni torturée. J'ai "juste" subi des violences psychologiques, du harcèlement. Je ne saigne pas, je n'ai pas de bleus, je n'ai rien à montrer mais en dedans j'ai très mal, le temps n'affaiblit pas cette douleur et au contraire, j'ai l'impression qu'il l'attise.

Pendant longtemps, j'ai voulu nier.Je ne me reconnaissais pas le droit d'avoir mal. J'ai nié. Je suis partie de chez mes parents à 17 ans, j'ai cru que ça passerait, que loin de lui, je construirais ma vie, que je ferais quelquechose de beau d'elle, qu'il ne serait qu'un cauchemar présent mais lointain. J'ai voulu croire en autre chose que ce que j'avais vu chez lui, j'ai voulu oublier.

Mais le passé a ceci de cynique qu'il ne disparait jamais. Et on ne l'efface pas.

Un père qui n'en est pas vraiment un, on ne le remplace jamais quoi qu'on fasse. Je n'ai jamais senti d'amour pour moi de sa part, toujours de la distance, toujours du rejet, du mépris. Rabaissée. Continuellement. Tu es moche. Ces paroles raisonnent encore en moi. Jamais un baiser. Jamais un calîn. Rien. Uniquement du rejet, toujours du rejet. Et répéter sans cesse à quel point mon frère était beau et intelligent et adorable. C'était et c'est un homme aveugle qui condamne sans savoir et qui, pour ses enfants, punissait sans chercher à comprendre. Frapper avant de voir les données du problème... Aveugle en tout il était et il est.

Je ne pouvais rien faire. Ni me laver les cheveux quand je le voulais. Ni prendre un bain quand je le voulais. Je n'avais droit qu'à une fois par semaine pour l'un et l'autre. Le reste du temps je me contentais d'un peu de savon avec un gant de toilette. Et je me sentais sale, je perdais confiance en moi, je n'allais plus vers les autres, je supportais leurs moqueries et je m'enfonçais.

Je ne sais pas ce qui était le plus difficiel à supporter en fait. Mon père rentrait, on mangeait en silence le plus souvent puis il allait devant la télé. Et ne faisait rien d'autre. Absolument rien.. Mes parents sont seuls, ils n'ont pas d'amis, ils ne sortent jamais, n'ont pas d'activités, ne voient la famille qu'une fois par an et ce, depuis le début. La maison était sans vie. Pas de plaisirs petits ou grands. Rien. Et il critiquait tous les gens qui faisant des choses comme aller aux feux d'artifice du 14 juillet, c'étaient "des cons" selon ses termes. Il continue à le faire encore maintenant. Je ne me rendait pas compte à l'époque mais maintenant j'en étouffe. Je mets un point d'honneur à être toujours entourées d'amis, à sortir, à danser, à rire, à VIVRE tout simplement. C'est ma force, mon oxygène... J'en ai besoin pour m'épanouir et pour exorciser ce passé-là qui me ronge encore. Et je ne saurai m'en passer

Non le plus dur, c'était toute cette haine que mon père répand autour de lui. Il n'aime rien ni personne. Même ma mère se pose des questions, de demande s'il l'a jamais aimé. Il n'a jamais un discours positif. Rien n'est bien, rien n'est bon, on n'a pas de chance, tout est contre nous. Et tout y passe : les politiques, les arabes, les PD, etc. Ca me fait mal d'écrire ça, tellement mal. Encore tout à l'heure, il en parlait. Les arabes. Les PD.

Et moi je ne le compends pas, je ne l'ai jamais compris. Sa haine m'étouffe. Me prends à la gorge. Cet homme à qui je ne ressemble en rien se trouve être mon père, cet homme qui a toujours tout fait pour me rabaisser, cet homme qui déteste tout le monde, qui a rendu notre vie de famille inexistante, sans vacances ni  loisirs ni dialogues au point que mon propre frère ne m'adresse même plus la parole et ne me voit plus quand je suis devant lui. Tout ça me fait mal.

Et d'autant plus mal quand je suis aujourd'hui ici chez eux.

Et je lui en veux pour tout ça. Oh oui, qu'est ce que je lui en veux... On me dit de pardonner pour aller mieux. Mais je n'y parviens pas. Je ne peux pas oublier toutes ces années. Et j'en paye le prix encore maintenant car j'ai mal. J'ai beau en parler, j'ai beau l'écrire ici, j'ai mal.

Et ces larmes qui coulent de mes yeux. Je me sens impuissante, impuissante...

Ecrit par Amethyst, le Samedi 27 Août 2005, 12:48 dans la rubrique Journal.

Commentaires :

C-C
C-C
27-08-05 à 18:41

Ton article est très touchant...tu nous dévoiles tellement de toi dans ces mots. Je comprends tes souffrances, j'ai eu pendant de nombreuses années des rapports difficiles avec mon père. Il n'était pas aussi haineux que le tien, fort heureusement, mais il nous a souvent rabaissées, ma mère et moi. Je parle au passé comme tu vois. Mon père est mort il y a pratiquement deux ans et demi. J'ai eu la chance de me "réconcilier" avec lui...mais il est parti trop tôt. J'espère que tu auras peut-être un jour la même chance que moi, que ton père et toi vous pourrez avoir des rapports moins conflictuels. Il doit sans doute t'aimer, mais il ne sait pas l'exprimer.

Bon courage et profite de ta vie à 100% !

CyCy


 
Amethyst
Amethyst
27-08-05 à 22:06

Re:

Bonsoir C-C,

Tout d'abord je tiens à te remercier pour ton commentaire car ta sincérité et la part de toi que tu y a mis ont beaucoup de valeur à mes yeux.

Je suis désolée pour ton père, vraiment, mais je suis heureuse pour toi que tu sois parvenue à lui parler et peut être à lui pardonner avant qu'il ne parte. C'est très important de ne pas vivre dans la rancoeur, de savoir mettre le passé de côté et d'aller de l'avant. Je pense que malgré toute la douleur, c'est un poids en moins pour toi.

Des histoires comme la tienne ou d'autres me font penser que je n'ai pas le droit de parler de la mienne, pas le droit de me "plaindre". Mais tu vois, c'est devenu un tel boulet dans ma vie, ça me fait tellement de mal quand j'y repense et quand je me trouve face à lui à nouveau, je me sens tellement révoltée contre sa haine et ses paroles haineuses contre tous sans raison. Et contre toutes ces paroles odieuses qu'il a contre moi, toutes ses paroles injustes aussi.

Ma grand mère me disait tout à l'heure qu'il est quelqu'un d'injuste. Ma mère m'a dit aujourd'hui qu'il lui avait dit qu'il voulait se débarasser de moi, ne plus assumer mes études alors que je fais le maximum depuis le début pour qu'elles soient brillantes et que j'y réussi (que mon emploi du temps très chargé ne me permet pas d'avoir un travail à côté), bref que je suis un poids mort pour lui. Pas une once de fierté en lui. Rien. Juste du rejet. Le plaisir de rejeter ou je ne sais pas. Je ne comprends pas.

Je ne sais pas si aller vers autre chose est possible, du moins aujourd'hui, car nous sommes encore dans l'histoire. Il n'a pas cessé de me rabaisser et d'être odieux avec moi tant qu'il peut. Je lui ai laissé les portes ouvertes, j'ai pris sur moi pour ne pas envenimer les choses, je lui ai laissé la chance que tout aille enfin mieux , dans des circonstances assez dramatiques d'ailleurs, mais il n'a rien saisi. Il a persisté. Et pourtant, je sais qu'il ne suffirait de pas grand chose pour que toute la famille soit très heureuse, en espérant que tout cela n'ai pas tout détruit entre nous tous bien sur. Je ne ferme pas la porte mais dans ces conditions, ça me parait difficile d'autant que je souffre de plus en plus de tout ça sans que je ne puisse me l'expliquer.

Tu as raison, peut être qu'il m'aime malgré tout. Mais il ne montre rien. Pire il renie peut être tout. Et je ne sais pas pourquoi. Je ne comprends pas. Je paye pour quelquechose qui me dépasse et je ne le supporte plus, c'est en train de me détruire complètement.

Je te remercie encore pour ton témoignage, je suis très touchée. Je te souhaite beaucoup de courage dans l'avenir. A très bientôt !

Amethyst


 
Broken-Smile
Broken-Smile
28-08-05 à 18:01

coucou toi,

je pense que ca a du te peser d'ecrire cet article mais c'est une bonne chose de l'avoir fait...

En fait je sais pas trop quoi dire mais j'avais envie de reagir sur cet article.

Bisous!


 
Amethyst
Amethyst
28-08-05 à 22:54

Re:

Bonsoir toi !

Oui tu as raison, ça a été très dur pour moi de l'écrire et j'ai longtemps hésité à le publier car tout cela ne m'inspire qu'une grande honte mais je dois le faire pour aller mieux.

Entretemps il s'est passé beaucoup de choses ce week end qui m'ont fait très mal. Je ne peux pas encore en parler, c'est trop frais et trop dur mais je ferai surement un article très bientôt.

En tous cas, merci pour ton soutien, vraiment...

Amethyst


 
nouvelami
nouvelami
29-08-05 à 18:25

Chère Amethist,

Dur! Oui, c'est un article dur...
Ton père te hait, ça parait évident....
Reste à savoir pourquoi... Et il peut y avoir mille raisons possibles.
Je vais en jeter deux ou trois ici:
1) Il est jaloux de ton intelligence
2) Tu n'es pas sa fille
3) Tu lui rappeles un mauvais souvenir ( reste à savoir lequel )
4) etc...

Alors, effectivement, soit tu lui pardonnes tout un jour, ou alors tu l'oublies....
Je ne sais pas ce qu'il y a de mieux.
Je ne suis adepte du pardon que lorsque le fautif le demande et vient à le mériter.
Mais, le plus souvent, j'oublie la personne et jamais la faute. ( Entendons nous, il y a faute et faute....)

Je te souhaite en tout cas beaucoup de courage. Tu as vecu des choses difficiles...

Je t'embrasse...

Nouvel ami


 
Amethyst
Amethyst
29-08-05 à 20:43

Re:

Bonsoir toi,

Tu sais, j'ai longtemps cherché à comprendre ce qui avait cloché entre nous deux, ce qui s'était passé, pourquoi rien n'a jamais marché droit. Et je n'ai jamais compris. Je n'ai jamais fait de grosses bêtises, j'ai toujours essayé d'arrondir les angles au maximum avec lui, j'ai essayé de faire des études les plus brillantes possibles... Alors je ne sais pas.

Il a toujours pris plaisir à me rabaisser, à m'humilier, à tuer la confiance que j'aurai pu avoir en moi, à me dénigrer, à me marcher dessus, à me minimiser. Un plaisir malsain. Car dès que quelqu'un pouvait nous apporter quelquechose bon, il faisait tout pour nous en éloigner. Il n'a pas supporté que ma grand mère nous donne de l'amour à mon frère et à moi. Il voulait nous enfermer dans la tristesse.

Et je parviens même pas à écrire toutes ces choses car elles brulent ma mémoire. Il existe parfois des contes de fées à l'envers ou le papa n'aime pas les enfants mais tu sais, ça, peu de gens parviennent à le concevoir et c'est dur souvent de passer pour une menteuse ou une affabulatrice.

Je lui ai laissé des chances, des tas de chances de revenir, que tout ailles mieux, de repartir mais ce n'est pas ce qu'il souhaite visiblement. Il aurait fallu tellement peu de choses pour qu'on soit bien. Mais ce week end, c'est allé trop loin. Il n'y aura plus de retour de ma part. C'est fini. Et j'ai besoin de ça pour aller mieux.

Je te remercie pour ton soutien et ta présence sans faille. Je te souhaite une bonne soirée en espérant que ton propre horizon est en train de s'éclaircir. Gros bisous.

Amethyst


 
-chamalow-
-chamalow-
29-08-05 à 18:35

En réalité, je ne sais pas quoi dire...
J'espère sincérement qu'un jour, vous arriverez à prendre un nouveau départ tout les deux, et à vous réconciliez...

Bisous

 
Amethyst
Amethyst
29-08-05 à 20:48

Re:

Je te remercie de ton passage... Je sais qu'il n'y a pas grand chose à dire... J'écris tout cela parce que j'en ai besoin et parce que j'espère que ça m'aidera à mettre une distance entre ce sac de rancoeurs et moi... Il ne peut y a voir réconcialition que si deux personnes se sont brouillées et qu'elle décident de se réconcilier. Or pour nous, non seulement nous ne sommes jamais brouillé (car c'est comme cela depuis que je suis petite, un rejet de sa part sans raison) et en plus, il n'a pas la volonté que tout aille mieux entre nous. L'année dernière, des événements tragiques ne nous ont pas rapprochés et pourtant, il aurait fallu peu de sa part. Mais il n'y a rien eu.

Je fais le deuil du papa que je n'aurai pas. Il me reste juste une personne qui a participé à ma conception. Pour le reste, ce n'est pas un père pour moi, il m'a fait trop de mal. Je dois apprendre à vivre avec et ce sera dur.

En tous cas, un grand merci pour tes pensées positives et tes voeux. Bisous.


 
Nyme
Nyme
01-09-05 à 18:40

Article très touchant, je te souhaite vraiment un nouveau départ et qu'au fil du temps tes blessures ce cicatriseront progressivement.

Je t'embrasse et je salue le courage que tu as eu en postant ceci en ligne.


 
Amethyst
Amethyst
01-09-05 à 23:38

Re:

Merci beaucoup Nyme. J'ai eu du mal à écrire cet article et j'ai aussi du mal à écrire le suivant parce qu'on a eu une grosse dispute qui a finit de tout briser. Depuis je ne cesse d'y penser. Il faut que je parvienne à mettre des mots dessus.

Je n'ai jamais parlé beaucoup de tout cela avant parce que j'avais honte, honte de lui et de toutes ses idées à la con. Et puis j'avais très peur d'être assimilée à lui et ça je ne le voulais pas. Mais maintenant, je me donne le droit d'en parler parce que ce n'est pas à moi d'avoir honte mais à lui.

Mais je ne sais pas, ça me broye encore, c'est une sensation bizarre, toute cette histoire, c'est comme un boulet que je traine et qui ne se détachera pas. On ne peut pas effacer son passé, il va falloir que j'apprenne à faire avec. Mais j'ai eu la chance de rencontrer des gens vraiment bien qui m'ont beaucoup aidés et qui m'aideront encore :-)

Je te fais des gros bisous. A bientôt !


 
Olivia9
Olivia9
06-09-05 à 17:00

Je ne sais pas trop quoi te dire, mais je tiens à te laisser un petit message parce que ça a du te couter d'écrire tout ça.
Je vais juste te dire que ça m'a beaucoup touchée de te lire, et que tu n'as pas à avoir honte de tout ça, au contraire, c'est bien d'en parler, ça te permet de prendre du recul et de te sentir moins seule face à toute cette haine qu'il te renvoit.
J'espère aussi que la dernière dispute dont tu parles ne t'a pas trop affectée...Gros bisous.

 
Amethyst
Amethyst
06-09-05 à 21:10

Re:

Je te remercie pour ton passage et pour ton petit mot Olivia. Merci de me conforter dans l'idée que je dois sortir tout ça même si ça m'inspire un grand rejet et même si j'ai l'impression de vomir mes mots.

Maintenant que j'ai écris mon article de ce soir, je me sens toute vide et très fatiguée. Mais j'espère que ça va me libérer de toutes ces tensions que j'accumule dans ma vie professionnelle, universitaire et relationnelle. Je suis peut être trop impliquée, trop dans les choses. Il va falloir que je m'en détache si je veux aller mieux.

Et ce soir, je vais dormir. Ca me fera du bien. Je me sens totalement à plat.

Un gros bisous à toi !

Amethyst