Je reviens ici et je me sens comme égarée. Tout est resté tel quel, il y a juste un peu de poussière mais mon petit blog est toujours là. C'est incroyable la vague de sentiments qui m'envahit lorsque je viens m'y poser, des impressions contradictoires qui se brisent sur les souvenirs d'hier. Dans ma bouche, le goût âcre de l'avant et je n'aime pas cette sensation. Je n'aime pas me laisser envahir par ce passé silencieux qui me laboure le ventre. Il y a un malaise ici que je n'arrive pas à décrire...

Les mois ont filé, je ne saurais plus vraiment dire depuis quand je n'ai pas réellement tenu ce blog. Ca me parait loin tout ça, un peu comme si je parvenais enfin à tourner la page. Parce qu'il n'y a pas d'autres choix. Tout s'est accéléré dans ma vie, j'ai commencé à travailler il y a plus d'un an et depuis je n'ai plus le temps de rien alors venir ici ce n'est même plus envisageable. Il y a un an, j'ai rencontré N., mon petit collègue homo pour paraphraser une jouebeuse de talent et il a tout changé. Il ne le sait pas mais il a mis de la joie dans ma vie. Et je me suis relevée. Comme une petite renaissance. Et j'ai eu moins mal parce que j'ai eu moins le temps de penser à ce qui me rongeait.

Je vais mieux.

Je ne suis plus amoureuse de personne. Ex est complètement sorti de ma vie, je n'ai plus aucun contact avec lui. Je n'aime plus Vincent et je ne sais pas comment j'ai pu aimer Vincent. Ce n'était absolument pas quelqu'un pour moi et il m'a fait du mal. Je ne pense pas que c'était son intention, j'étais trop fragile pour m'en apercevoir, c'est tout.

Et depuis, je fais en sorte de ne plus tomber amoureuse. Je ne le fais pas consciemment, c'est un réflexe, c'est tout. J'ai intégré qu'aimer c'est avoir mal à un moment ou à un autre. Je ne me sens pas blasée ou aigrie. Juste que mon but n'est pas de tomber amoureuse. Bien sûr qu'un jour cela arrivera de nouveau mais en attendant, je cherche juste à être aussi heureuse que possible.

Malgré tout, je sais que je suis fermée pour le moment à toute relation. Les autres ne comprennent pas et je les comprends. J'ai pas encore cicatrisé toutes les plaies, j'ai pas encore craché le fiel que m'inspire le rejet que mon père a pour moi.

Et c'est surement pour ça que je vais enfin déménager et aller m'installer dans la ville ou j'ai mon travail. Economiser mon temps de trajet pour prendre enfin le temps de guérir de ce poison qui coule dans mes veines.

J'ai mal de ce manque d'amour et par dessus tout, je crève du plaisir que prend mon père à me bousiller.

Je dois guérir de ça même si je sais que la tâche sera immense et prendra beaucoup de temps. Même si je sais que les larmes couleront encore et encore. Même si je sais que le temps ou je ne sentirai plus cette oppression n'est pas encore venu.

Mais j'ai enfin compris que c'est ça ou me laisser mourir à petit feu d'idées noires. Car je ne suis pas comme ça, ce n'est pas moi.