Je voudrais que tout s'envole dans un grand éclat de rire. Les doutes, les douleurs, les larmes. Effacer tout ça d'un trait et sentir dans ma poitrine les spasmes de l'apaisement. Ecouter ce rire résonner dans ma tête. Je me vide de ma substance. Ce sont les réflexes qui me tiennent : pas oublier de manger ni de dormir. Ni de respirer.
Quand je m'ennuie parfois, j'arrête de respirer. Je reste en apnée. Je résiste. Le silence se fait et je sens le calme m'envahir. Puis la pression se fait plus forte. Je laisse l'air entrer à nouveau tout doucement. La vie reprend dans tout ce qu'elle a de paradoxal, mélange étrange de joie éphémère sur fond de gris latent.
Le deuil est enclenché. Arrêter de me focaliser sur ce qui ne va pas. Il y a peu de chances pour que les données de ma vie changent. En tous cas, il ne sert à rien d'attendre un tel évenement. Le mettre dans un coin de sa tête. Ne plus l'espérer mais ne pas l'oublier quand même. On sait jamais. Au cas où.
Je ne veux plus sentir mon coeur se serrer. Il faut que j'arrête d'être au raz des paquerettes de tout. C'est bien d'être touchée par les faits de la vie à défaut de tomber dans l'indifférence totale (la sienne, la leur) mais, comme dirait l'autre, trop de sensibilité tue la sensibilité. Petite vis sans fin qui s'insinue en moi.
Je veux relativiser. Ne pas minimiser le problème mais le maîtriser. Connaître ses moindres contours. Le cerner dans sa globalité. Savoir exactement pourquoi j'ai mal au lieu de vivre dans cet éternel essorage aveugle. M'élever au dessus du passé et ne plus être à la merci des retours de flamme.
C'est certain, quelquechose me manque. Un immense vide juste là, au niveau du plexus. Mais comment caractériser ce qui n'est pas ? Comment guérir de quelquechose qui n'a pas d'existence propre ? Ce que je n'ai pas eu, je le trainerai toujours derrière moi car on ne refait pas le passé.
C'est juste à moi de définir le poids que je donnerai à mon boulet...
Et qui sait, peut être que je parviendrai à m'en faire mon moteur...